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Cavistes : comment tirer son épingle du jeu ?

Après une année 2023 marquée par l’ascension de la bière, 2024 signe un renouveau pour l’univers du vin et confirme l’essor du sans alcool. Entre montée en gamme, nouvelles exigences de consommation et incertitudes économiques, ce secteur se transforme, porté par la quête d’authenticité et la diversification des offres.

Made in France ! 4,78 milliards de litres de vin ont été produits dans l’Hexagone en 2023, d’après le ministère de l’Agriculture. En dépit de volumes en baisse sur le long terme, ce produit symbolique de notre pays regagne la faveur des consommateurs et retrouve, en 2024, sa place de boisson alcoolisée préférée. « Nous assistons à une forme de réenchantement dans le rapport au vin, avec une génération qui porte un nouveau regard sur la catégorie, en particulier chez les femmes et les jeunes trentenaires », déclare Marie Mascré, cofondatrice de l’agence SOWINE.

Cette tendance s’observe dans le dernier baromètre SOWINE / Dynata : le vin (60 %) passe de justesse devant la bière (58 %), alors que celle-ci dominait encore le palmarès en 2023. La grande distribution capte toujours 85 % du volume des achats de vins et de boissons alcoolisées. Pourtant, le rôle des cavistes demeure essentiel : les points de vente spécialisés comme Cavavin (160 implantations) et Nicolas (500 implantations) représentent 10 à 15 % des revenus, avec 40 % des consommateurs qui déclarent privilégier ce circuit. Le positionnement qualitatif, la proximité et le conseil expert sont des atouts déterminants. Les 6 000 cavistes recensés en France (selon l’Insee) parviennent ainsi à tirer leur épingle du jeu, malgré le poids écrasant de la distribution de masse.

Une remontée qui se fait attendre

Pour Christopher Hermelin, président du réseau Nicolas, l’année 2024 a été « compliquée à plus d’un titre », marquée par un contexte inflationniste et une moindre propension à dépenser. « Nous vendons du vin et de l’alcool, ce ne sont pas des produits de première nécessité. Quand les budgets sont serrés, ce type de dépenses passe parfois en dernier », constate-t-il. Il souligne également l’augmentation des coûts de production : « Entre l’inflation sur les matières premières et des récoltes moins abondantes à cause des aléas climatiques, les prix grimpent. Dans le Bordelais, certains viticulteurs ont même arraché leurs vignes pour planter autre chose. »

Sans oublier que les grands rendez-vous festifs n’ont pas toujours tenu leurs promesses. « On espérait un impact fort des Jeux olympiques, avec une affluence internationale durable, mais la fréquentation étrangère est restée relativement faible. De plus, les Français venus de province ne sont pas restés les quinze jours, ils n’ont donc pas compensé le manque à gagner”, poursuit Christopher Hermelin.
Pour autant, il ne se montre pas alarmiste : « On voit déjà des signes d’un climat plus apaisé, à condition que la situation géopolitique s’améliore. Il faudra toutefois rétablir la confiance du consommateur, parce que lorsqu’on craint pour l’avenir, on favorise les produits de base. Les chiffres n’étaient pas extraordinaires en 2024, mais cela peut s’inverser si les incertitudes se dissipent en 2025.”

La montée du sans alcool

La tendance qui prend de l’ampleur ? C’est le phénomène “no-low”, comprenez les boissons sans alcool ou faiblement alcoolisées. « On voit un vrai engouement des Français pour les caves sans alcool. On était une petite quinzaine en 2023, on est désormais plus d’une trentaine fin 2024”, assure Jérôme Cuny, fondateur des Caves Parallèles. Selon lui, l’émergence des “flexibuveurs” explique en partie cette expansion : « Au début, ma clientèle se composait essentiellement de personnes ne buvant plus du tout d’alcool. Désormais, la majorité vient pour réduire sa consommation, sans nécessairement la supprimer.”
Le marché du “no-low” représenterait 3,5 % du total des boissons alcoolisées en France, soit environ 12 milliards d’euros, avec une croissance soutenue. « Il y a une vraie curiosité du grand public, qui sort d’une forme d’ignorance ou de défiance vis-à-vis des produits sans alcool. Les gens veulent goûter, et ne sont plus dans le jugement”, observe Jérôme Cuny. Décembre et janvier s’avèrent être des moments clés pour ces caves spécialisées : « En décembre, on achète pour les fêtes de fin d’année, tandis qu’en janvier, le dry January crée un pic de demande.”

Dans ce contexte, la filière « no-low » continue de bousculer les codes. « En septembre 2024, nous avons ouvert notre premier magasin du réseau à Aix-en-Provence et constaté, dès le début, une très belle traction, avec un chiffre d’affaires comparable à celui de Nantes. On voit clairement que la demande existe », se réjouit Jérôme Cuny.

Pour l’avenir, il se fixe un cap ambitieux : « Pour 2025, nous voulons ouvrir au minimum deux ou trois caves parallèles supplémentaires. Je ne pense pas que le sans alcool soit une mode. Au contraire, la déconsommation est réelle, les jeunes générations restent plus longtemps sans consommer d’alcool et le nombre de producteurs qui s’engagent dans cette voie ne cesse de grimper. » Il souligne également le besoin de spécialisation : « Comme on voit des caves à whisky, à rhum, ou même des projets farfelus comme des caves à eau, les consommateurs veulent s’adresser à un expert. Nous pouvons répondre à cette attente, et les chiffres nous donnent raison.” Au-delà du concept, le sans alcool profite d’une tendance de fond où la santé et le bien-être pèsent dans les choix.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le n°247 de L’Officiel de la Franchise. Disponible en kiosque ou sur notre boutique en ligne.

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