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Se lancer en franchise

La Mie Câline, un réseau face au défi de la relève

Avec 240 magasins répartis sur toute la France, on ne présente plus La Mie Câline. À mi-chemin entre la boulangerie et la restauration rapide, le réseau, qui fête ses 40 ans cette année, est confronté à un enjeu majeur : le recrutement de franchisés pour renouveler son parc et accélérer son développement territorial.

C’est en décembre 1985, à Saint-Jean-de-Monts (Vendée), que le premier magasin La Mie Câline voit le jour. Fondée sous l’impulsion d’André Barreteau, épaulé par son épouse Michelle et sa sœur Catherine, l’enseigne a dès le début eu vocation à s’étendre en franchise. « Nous sommes issus d’une famille de boulangers sur quatre générations, raconte Sylvia Touboulic Barreteau, fille du fondateur de l‘enseigne. Mes parents et ma tante ont découvert la technologie du surgelé et du terminal de cuisson. Ils se sont dit qu’ils pourraient permettre à d’autres personnes d’avoir leur commerce de boulangerie, sans avoir de diplôme à passer. » 

En l’espace de 10 ans, une quinzaine de magasins La Mie Câline voient le jour, avant que le réseau ne devienne officiellement une franchise. « Ils faisaient de la franchise sans le savoir, explique Sylvia Touboulic Barreteau, aujourd’hui directrice générale déléguée et responsable du pôle franchise de l’enseigne. Un expert de la Fédération française de la franchise a accompagné mes parents et leurs équipes pour structurer ce modèle. » Aujourd’hui, le réseau compte 220 franchisés, dont 30 multi-franchisés, qui possèdent en moyenne deux points de vente chacun. « Nous avons 240 magasins en tout, dont une dizaine située sur des aires d’autoroute, avec des partenaires pétroliers, et 10 qui sont en succursale. Soit une grande majorité de franchises. » 

La Mie Câline revendique 210 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, pour un peu plus de 900 000 euros de chiffre d’affaires par magasin, en moyenne. Le réseau produit, au siège, environ 95 % des produits qui se retrouvent en magasin. « Les franchisés reçoivent les produits crus surgelés, et font la fermentation, la finition et la cuisson des produits. Et pour ce qui est sandwicherie et salades, ils font tout l’assemblage sur place », poursuit-elle. La Mie Câline, qui réinvente son identité visuelle environ tous les 10 ans, en est désormais à sa quatrième génération de magasins : « C’est un relooking, qui permet aussi d’intégrer de nouveaux marchés, comme le café, le jus d’orange pressé, etc. »

Un réseau familial

L’aspect humain de cette entreprise familiale a séduit plusieurs générations de franchisés. Cela a été le cas pour Angelina et Georges Dones, qui ont ouvert leur premier magasin La Mie Câline il y a 18 ans. « L’accompagnement et la proximité des personnes, du directeur général et de l’équipe, c’est ce qui nous a séduits », confie la franchisée. Même constat pour Killian Calvairac, franchisé La Mie Câline à Creysse depuis 2023. Après un parcours dans la grande distribution, il décide, à 27 ans, de créer son entreprise en franchise : « J’ai contacté de nombreux réseaux dans l’alimentaire. Le côté humain de La Mie Câline a fait la différence. Pendant ma période de réflexion, on m’a demandé de contacter des franchisés et de les rencontrer. J’ai eu accès à tous les contacts de franchisés. C’était totalement transparent. »

Afin de s’assurer de la cohérence des services fournis dans tous ses points de vente, La Mie Câline travaille avec 10 animateurs de réseau. « Cela représente entre 20 et 25 magasins par animateur de réseau. Tous les ans, nous réalisons un audit de performance individuel, sur tous les magasins », poursuit-elle. Ils évaluent ainsi le respect du concept, l’accueil ou encore la propreté : « Cela va permettre ensuite de définir un plan d’action pour viser une amélioration continue. » Quid des retours franchisés ? Le réseau se targue d’avoir mis en place un travail collaboratif avec eux : « Nous avons des élus CCS (Comité Conseil et Stratégie), élus par les franchisés. On se réunit plusieurs fois par an avec eux pour travailler sur la stratégie globale du réseau ». Un moyen pour l’enseigne de rester proche du terrain et des préoccupations des franchisés. « Nous avons toujours quelqu’un qui peut répondre à nos questions, confirment les Dones. L’accompagnement est là quand on en a besoin. »

Le recrutement, un enjeu majeur

Comme la plupart des acteurs de la restauration, La Mie Câline est impactée par la pénurie de talents et la difficulté à fidéliser ses collaborateurs. Un défi qui est devenu majeur pour les franchisés de Challans. « Le plus gros challenge, c’est la gestion des équipes », confie Angelina Dones. Le couple, qui gère 20 salariés répartis sur deux points de vente, passe de plus en plus de temps à gérer cette problématique. « Le métier ne fait pas forcément rêver, du fait qu’on travaille le week-end, avec des horaires compliqués. Ce sont des contraintes qui ajoutent de la difficulté au recrutement », concèdent-ils. Quant à la fidélisation des équipes, elle est pour ce duo d’entrepreneurs de plus en plus difficile : « Cette nouvelle génération est plus volatile, ils restent un ou deux ans, sauf ceux que nous faisons évoluer. Mais on ne peut pas faire évoluer toute l’équipe. Le recrutement est donc beaucoup plus présent dans notre quotidien qu’il y a 10 ans. » 

Un point que le réseau ne prend pas à la légère. Depuis janvier 2025, La Mie Câline propose un nouveau catalogue de formations sur le management et la santé mentale des dirigeants. « L’enjeu principal du moment, c’est de faire en sorte que nos franchisés soient d’excellents managers pour pouvoir limiter ces effets de turnover, d’absentéisme potentiel et fidéliser leurs équipes, notamment en les faisant monter en compétence, explique la directrice générale déléguée. L’objectif est d’être plus performant, mais aussi de permettre aux franchisés de se détacher du terrain et de pouvoir gagner en qualité de vie. Nous avons donc une personne dédiée à leur accompagnement sur ces sujets de santé du dirigeant, psychique, psychologique et physique. » Une solution que les Dones accueillent positivement. Ils font partie des premiers franchisés à être entrés dans ce processus.

« Au sujet de cette nouvelle génération, on doit se faire accompagner, ajoute Angelina. Ils nous poussent à nous mettre à jour, quelque part. » Cet enjeu est également crucial pour Killian Calvairac, bien qu’il soit à l’aise dans son rapport au management. Après avoir dirigé une vingtaine de collaborateurs dans la grande distribution, il gère aujourd’hui une équipe de 11 personnes, qu’il a su fidéliser. « Je suis plus proche de mes salariés que dans la grande distribution, où cela était très hiérarchisé […] Je pense qu’il faut entendre les attentes de chacun. Il faut les écouter, les laisser s’exprimer. Je suis opposé au micro-management. Il faut, au contraire, expliquer ses missions au salarié et le laisser libre. Et normalement, on arrive à de bons résultats. »

Reprise des points de vente

Pour le réseau, l’autre enjeu est de recruter des franchisés afin d’ouvrir des points de vente. En effet, la plupart des nouveaux franchisés sont affectés sur des reprises de magasins. L’enseigne n’a ouvert que trois nouveaux magasins en 2023 et un seul en 2024. « Nous avons 40 ans, c’est-à-dire qu’un certain nombre de magasins sont en revente, ce qui ralentit considérablement notre développement territorial, car nos candidats sont absorbés par la reprise, soutient Sylvia Touboulic Barreteau. Nous devrions réaliser entre 8 et 10 ouvertures cette année. » 

Afin d’accélérer son développement territorial, La Mie Câline offre également des remises aux multi-franchisés : comptez 0,25 % de remise sur les royalties à l’ouverture d’un second point de vente. Une opportunité que souhaiterait saisir Killian Calvairac. « Cela fait plus d’un an que j’ai indiqué mon souhait d’ouvrir un second point de vente, raconte-t-il. De là, j’ai eu des audits en magasin, des objectifs à remplir, et j’ai été envoyé en repérage auprès de multi-franchisés. Le passage à la multi-franchise se fait donc avec une grande prudence. » Si l’ADN de La Mie Câline repose sur la vente de produits de boulangeries (pains, viennoiseries, pâtisseries et restauration rapide), l’enseigne innove en fonction des attentes du marché. « Nous proposons plus de 80 innovations de produits par an, se réjouit Sylvia Touboulic Barreteau. C’est vraiment un gros sujet chez nous. »

Des nouveautés dont la mise en place prend, selon certains franchisés, trop de temps. « Étant donné que nous sommes dans une grosse structure, il y a beaucoup de procédures, ce qui sécurise une trésorerie, bien sûr, mais ralentit la mécanique de mise en place et de créativité », estiment les Dones. Sur ce point, Killian Calvairac regrette une largeur de gamme trop restreinte : « Nous avons beaucoup de concurrents qui vont proposer des burgers, des burritos, des buffets pour des clients professionnels, et c’est là-dessus qu’il faut travailler à mon sens. » Des remarques que l’enseigne a bien prises en compte. « Certains produits que j’ai évoqués sont actuellement en développement. Nous avons clairement un réseau qui est à l’écoute », souligne Killian Calvairac.

Pour rejoindre La Mie Câline, comptez au moins 80 000 euros d’apport, pour un investissement global de 470 000 euros en moyenne. Le réseau propose parfois des contrats en location-gérance, à partir de 30 000 euros d’apport. « Il n’y a pas de profil type de franchisés, rassure la dirigeante. Il faut cependant avoir le sens de l’entrepreneuriat et du commerce de proximité. C’est un plus d’avoir de l’expérience dans la restauration ou le commerce alimentaire, mais il y a, de toutes les façons, une formation de 10 semaines. » L’enseigne ambitionne désormais d’ouvrir une dizaine de points de vente par an d’ici à 2030, pour atteindre les 300 magasins en France.

Allez plus loin

Lisez la suite de ce dossier dans L’Officiel de la Franchise n°250 de mai 2025.

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