Devenir son propre patron, un projet rêvé pour beaucoup. Une aventure qui n’a pas forcément vocation à passer par une phase de création, synonyme de risques importants. La reprise d’une franchise existante a de quoi s’avérer très rentable et sécurisante. À condition de viser juste.
1° Un vrai phénomène
Cette année, la 19ème enquête de la franchise a mis en avant une tendance inédite : pour la première fois depuis le lancement de cette étude, la part de reprises de franchise l’emporte sur le nombre de créations, et concerne 53 % des répondants(1). Un phénomène qui s’explique en grande partie par la date de création des réseaux. Comme le relève l’enquête, les enseignes franchisées ont 25 ans d’ancienneté en moyenne. Une maturité qui entraîne des départs en retraite, l’envie de certains franchisés de toucher à d’autres projets, puis un maillage territorial avancé qui provoque moins d’opportunités d’emplacements par rapport à un jeune réseau.
“Dès lors qu’on a des réseaux qui ont une certaine antériorité, avec parfois 10, 20, 30 ans d’existence, on se retrouve déjà avec un nombre plus important d’entrepreneurs qui arrivent à l’âge de la retraite et donc souhaitent céder leur affaire. D’autres opèrent déjà dans l’enseigne depuis une dizaine d’années et veulent reprendre un plus gros point de vente”, explique Sylvain Moineau, directeur Impact Local, fonds d’investissement d’impact accompagnant le financement des commerçants de proximité, indépendants ou sous enseigne.
Cette tendance de la hausse des reprises, Impact local en a également fait le constat. Sur l’année 2022, 58 projets ont été financés et répartis sur 41 enseignes différentes, pour 22 reprises sur 17 enseignes différentes. “En effet, on constate une progression car en 2019 nous n’avions réalisé que 17 reprises pour 51 projets financés”, ajoute Sylvain Moineau. Un phénomène également perçu par Initiative France Eure, dont témoigne Benjamin Joly, chargé de mission financement : “Nous enregistrons une progression de 22 % de reprises d’entreprises par rapport à l’an dernier, tous porteurs de projet confondus. Mais les reprises sont encore peu exploitées par les candidats aujourd’hui alors qu’elles sont vectrices d’opportunités.”
2° Un coût plus élevé
Reprendre un commerce existant permet de se lancer dans une aventure dans laquelle le facteur risque est plus faible. Mais de fait, l’investissement global sera en moyenne plus élevé que sur une création de franchise. “Le coût le plus élevé, c’est tout le travail en amont, qui a été mis en place et le développement de l’activité. Les premières années, le précédent franchisé aura investi dans la publicité pour faire venir la clientèle, puis il y aura eu des investissements dans le commerce au fil des années. Pour le repreneur, tout se paye”, détaille André Billard, responsable du pôle commerce et franchise Banque Populaire.
Au-delà du corporel, c’est-à-dire du prix des équipements ou des travaux qui ne sont pas encore complètement amortis, seront rachetés : les performances du point de vente tel qu’il était exploité précédemment, le flux de clientèle et la rentabilité du commerce. Le coût d’une opération de reprise sera donc quasi systématiquement plus important que le prix d’une création. Sauf dans le cas où un entrepreneur souhaite reprendre un point de vente en difficulté. Le prix pourrait alors être tiré par le bas, voire même moins cher qu’une création, bien que ce cas de figure reste minoritaire.
Mais comment s’estime le coût du “non-corporel” ? “Ce que l’entrepreneur va acheter, c’est un pourcentage ou un multiple de ce que le commerce gagnait avec le précédent exploitant. Par exemple, si une boulangerie gagne 50 000 € par an, on peut estimer la valeur du flux entre 3 et 6 fois la rentabilité. Donc on aurait un prix de vente qui s’échelonnerait entre 150 et 300 000 €”, explique Sylvain Moineau.
3° Moins de risques mais…
Contrairement à la création, la reprise de franchise représente un risque moins élevé pour certains candidats, plus rassurés de se lancer dans l’entrepreneuriat avec une affaire déjà existante. Pour eux, construire un projet de A à Z peut s’avérer intimidant et s’ajoute à la difficulté intrinsèque d’être entrepreneur. “Pour ces entrepreneurs, en fonction de leur personnalité, cela donne l’impression d’avoir une marche qui est peut-être un peu moins haute à franchir”, avance Sylvain Moineau. « Le travail a déjà été fait par le précédent franchisé. Le porteur de projet qui va reprendre une enseigne sous franchise connaîtra déjà les différents éléments du commerce, notamment le chiffre d’affaires et la rentabilité de l’affaire ce qui n’est pas le cas lors d’une création”, ajoute André Billard.
Toutefois, la même démarche d’interrogation sur la solidité et la qualité du réseau doit être menée par le candidat…
Allez plus loin !
Lisez la suite de cet article pour découvrir les conseils de nos experts sur la reprise de franchise dans le numéro 229 de L’Officiel de la Franchise daté de mai 2023
(1) Source : Fédération française de la franchise- Banque Populaire.