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Franchiseur Se lancer en franchise

Pierre Creuset :  “Les cœurs de ville attendent les franchises !”

Si en juin 2022, 58 % des riverains interrogés par l’institut CSA avaient à cœur de préserver la vitalité des centres-villes français, force est de constater que l’activité des réseaux de franchise y contribue fortement aussi. Echange avec Pierre Creuset, directeur et fondateur de l’association Centre-ville en mouvement afin de comprendre pourquoi il fait bon investir sur ces territoires en quête d’attractivité. Et y déployer sa marque, ainsi que ses services, en tant que franchiseur et franchisé.

Présentez-nous l’association, ses missions et les membres qui la composent…

L’association a été créée il y a une vingtaine d’années et se compose aujourd’hui d’élus et de parlementaires qui se réunissent pour échanger sur la problématique de la redynamisation des cœurs de ville de l’Hexagone. Le réseau est aujourd’hui porté par 672 collectivités, 1 600 villes dites ‘villes de demain’ ainsi que par 222 villes inscrites dans le programme, appelé aussi plan d’investissement ‘Action Cœur de Ville’. Sa vocation : accélérer la mobilité de ces centres-villes, rendre certains quartiers plus agréables et plus accessibles à tous. En les verdissant, en les piétonisant et en les agrémentant de nouveaux commerces pour mettre en avant l’artisanat, sinon en aménageant des terrasses, par exemple. On nous connaît aussi au travers des Assises nationales du centre-ville, que l’on organise tous les ans. Le fonctionnement est simple : on en devient membre au coût annuel de 400 euros pour les collectivités et jusqu’à 2 000 euros pour les villes de plus de 200 000 habitants.

Vous êtes venus au salon Franchise Expo Paris, en mars dernier, pour présenter ces territoires d’opportunités aux franchiseurs et à leurs futurs franchisés ?

Oui, car nous avions pour objectif d’accueillir des porteurs de projet, sinon des franchiseurs sur notre stand pour leur parler des activités et des services recherchés par ces territoires en demande de réseaux, commerces et/ou services spécifiques. En d’autres termes, nous leur donnions un guide référençant toutes les villes qui souhaitent tel ou tel type de commerce. C’est aussi une question de dynamisation de foncières dans le cadre du plan de relance pour redresser l’économie et une façon de dire aux visiteurs passés par le salon que certaines communes proposent aussi des loyers intéressants pour qu’on s’y installe et y investisse. D’autres trouvent des candidats pour s’y implanter, là ou ladite enseigne n’était peut-être pas encore présente, ou pas assez visible des locaux. C’est le cas d’Issoire, près de Clermont-Ferrand, qui est en quête d’enseigne nationales, de Poissy en région parisienne qui dispose d’enseignes de bricolage mais à qui il manque une certaine diversité d’offres, ou de Reims, qui cherche aujourd’hui des enseignes de prêt-à-porter.

Comment aidez-vous les enseignes à s’y implanter ?

L’association met en relation les franchiseurs et les franchisés avec les managers de centre-ville ou les directeurs de centre-ville ou du commerce pour qu’ils approfondissent ensemble leurs besoins communs. Nous nous décrivons donc comme des facilitateurs et non comme des accompagnateurs de porteurs de projet. En revanche, nous échangeons fréquemment avec les maires de France pour rester en veille sur le marché. Parce qu’en s’implantant une à une dans ces centres-villes, les franchises créeront un effet boule de neige entre elles. Soit une désirabilité de la ville en question. Le défi étant d’équilibrer les offres de ces enseignes, nationales d’une part qui créent cet effet ‘locomotive’ ou dit de ‘bonne concurrence’ et, d’autre part, des commerces plus locaux. Pour ne pas saturer le marché foncier et créer une trop forte augmentation des loyers dans les années à venir. Ce qui qui découragerait encore plus les commerçants déjà affectés par l’inflation (et la vacance commerciale). La présence des managers de centre-ville est donc essentielle à la prise de décision des élus locaux sur ces questions.

Que doit faire un franchisé dès lors qu’il enquête sur son futur emplacement ?

La plupart du temps, les franchiseurs et/ou candidats à la franchise prennent directement contact avec la ville, dont le maire adjoint, par notre intermédiaire. L’information redescend ensuite au manager de centre-ville, qui aide ensuite le franchisé à trouver le bon emplacement. Via son propre carnet d’adresses, ayant souvent de précieux contacts dans l’immobilier, par exemple.

Les grandes enseignes de centre commercial orientent aujourd’hui leur stratégie d’implantation vers des villes moyennes. Est-ce, selon vous, à cause de la hausse de l’ILC ou bien pour s’ancrer dans une certaine tendance urbaine ?

Certaines modifient leur concept pour l’adapter à l’environnement du centre-ville, oui. C’est le cas de Fnac et d’Ikea qui se veulent plus ‘urbaines’, aujourd’hui. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, l’omnicanalité ne freine pas cette tendance à venir en centre-ville, ni l’activité du commerce physique. Dans le sens où l’on sait aujourd’hui que 73 % des gens qui utilisent le plus Internet pour faire leurs achats délaissent de façon importante la périphérie pour venir en centre-ville et prendre le temps d‘y flâner. Ce qui incite aussi les communes à revoir toute leur organisation et leur logistique d’accès au centre-ville ou au quartier historique. Je cite là encore la ville de Dijon qui, fut un temps, imposait le repos dominical et qui a désormais instauré le ‘brunch des restaurateurs’ le dimanche, d’avril à septembre, ou encore à l’émergence de halles commerçantes ou gourmandes, créatrices de flux passant et de trafic en boutique, donc. Comme les Halles de Pau, ou encore les halles d’artisans locaux ‘Biltoki’ à Issy-Les-Moulineaux (92) depuis l’hiver dernier. Vous penserez peut-être que ce regain d’intérêt pour le centre-ville s’estompera avec le temps. Pourtant, le niveau d’attachement des Français au centre-ville n’a fait qu’augmenter depuis la fin des confinements. Au lendemain de la réouverture des magasins, en mai 2021, 92 % d’entre eux ont affirmé que ces lieux leur avaient manqué, quand l’année suivante, la même étude indiquait 91 % !

Pour réussir, il faut aller là où les autres ne vont pas. La réhabilitations de friches, par exemple, est-elle intéressante ?

Tout dépend du cahier des charges de l’enseigne et des orientations politiques de la ville choisie. Si scruter la piste des friches ou du parc foncier inexploité est intéressant, les travaux peuvent coûter tout aussi cher ! Pour les cas les plus communs, les franchiseurs et franchisés, au même titre que les commerçants indépendants ont recours à un intermédiaire avant d’ouvrir au sein de ces friches. C’est le tiers-lieu. Les friches, qui peuvent être d’anciennes usines, sont généralement réhabilitées en espaces de coworking, de restauration, sinon en jardins partagés pour permuter en écoquartiers. Ce qui n’exclut pas l’implantation de franchises, mais après cette phase de réhabilitation seulement. En revanche, les franchisés peuvent présenter leur projet à des villes en demande, qui, en guise de bienvenue en quelque sorte, pourront les aider à s’installer plus facilement qu’ailleurs. C’est le cas de certains maires volontaires qui peuvent les aider à obtenir un loyer modéré durant les trois premières années d’exploitation, ou leur faciliter les travaux d’aménagement.

En parlant de friches et d’urbanisme, quels sont les grands chantiers d’avenir des villes de demain, dont les franchiseurs doivent se soucier pour mailler durablement le territoire ?

Il faut urgemment se soucier de la lutte contre l’étalement urbain ! Et dire stop à la grande distribution de périphérie, également présente en entrée de ville, comme aux parkings goudronnés qui polluent les sols, dont les nappes phréatiques. Et sensibiliser le plus grand nombre à l’imperméabilisation des sols avant de construire un local car cela s’inscrit désormais dans les normes ! Malheureusement, certaines communes ou agglomérations manquent de volonté politique pour le faire. On ne peut que louer le résultat de la piétonnisation de la Place Stanislas de Nancy, par exemple, qui a été mal comprise au départ, mais a finalement ravi tous les riverains. 500 voitures s’y garaient à l’époque ! Résultat : les commerçants profitent du flux piéton et les passants des terrasses, sans pâtir de la pollution auditive. Créer de tels espaces permet aussi d’évènementialiser les villes, faire venir de l’extérieur et là encore, de faire venir des enseignes franchisées !

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