Autant une invention est « brevetée », une marque « déposée », une œuvre d’art « répertoriée », autant le savoir-faire n’est ni défini juridiquement, ni comptabilisé à l’actif du bilan. Seul le droit communautaire le définit de la façon suivante : « Ensemble secret, substantiel et identifié d’informations pratiques non brevetées, résultant de l’expérience du fournisseur et testées par celui-ci ». Dans ce contexte et en reprenant isolément les différents qualificatifs :
« Secret »
Signifie que le savoir-faire dans son ensemble ou en amalgamant ses composants n’est pas généralement connu ou facilement accessible. Par exemple, la carte d’un restaurant qui comprend des recettes, elles-mêmes constituées d’ingrédients, provenant de fournisseurs. Le savoir-faire va résider dans le choix du bon fournisseur, pour créer des recettes originales, puis mises en valeur sur un menu. Un autre exemple dans le secteur du textile où le savoir-faire se retrouve au bureau de style avec des collections de vêtements attractives, aux achats avec les meilleurs prix de fabrication des modèles… en somme de pouvoir mettre à disposition de partenaires la performance industrielle, marketing et commerciale d’une marque.
« Substantiel »
Signifie que le savoir-faire doit inclure des informations indispensables pour l’acheteur aux fins de l’utilisation, de la vente ou de la revente des biens ou des services contractuels. Plus explicitement, comprenons que par « significatif » et « différentiant » le savoir-faire doit apporter à un franchisé qui démarre son activité davantage d’atouts que si ce même individu démarrait son activité seul. Par exemple, bénéficier de la notoriété d’une marque, pouvoir disposer d’un emplacement de qualité, obtenir des produits au meilleur prix, etc. Autant d’éléments longs et coûteux à mettre en œuvre pour un entrepreneur indépendant qui se lance.
« Identifié »
Signifie que le savoir‐faire doit exister et être décrit d’une façon suffisamment complète pour permettre de vérifier qu’il remplit les conditions de « secret » et de « substantialité ». Un savoir-faire est donc jugé « identifié » lorsqu’il a été rédigé, qualifié, modélisé et consigné sur un support visuel appelé communément le « manuel opératoire ». Le futur partenaire doit trouver dans cette base de connaissances pratiques l’ensemble des procédures et outils nécessaires à la bonne exploitation du concept dans son point de vente.
Les futurs candidats qui souhaitent rejoindre une franchise doivent se renseigner sur l’existence du savoir-faire avant de s’engager. Le plus courant chez les bons franchiseurs est la proposition d’une « journée découverte » qui permet de vivre l’exploitation du concept in vivo dans un site pilote. C’est le moment idéal pour consulter un book merchandising, visiter la base de connaissances sur l’Intranet, comprendre les fonctionnalités du logiciel métier… C’est aussi un bon moyen de discuter avec les opérationnels et de pouvoir juger de l’utilité des outils mis à disposition. Pour conclure, j’insiste sur la valeur réelle de ce savoir-faire en franchise, élément clé du modèle économique. En effet, le franchisé verse mensuellement une redevance financière au franchiseur, en contrepartie de bénéfices directement exploitables tels que l’utilisation de la marque commerciale, un territoire exclusif et l’accès au savoir-faire de l’enseigne. Plus la valeur de ce savoir-faire est reconnue, plus les franchisés seront enclins à payer sans sourciller leur redevance. L’inverse est beaucoup moins vrai…
Allez plus loin !
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