L’enseigne historique de jouets La Grande Récré va perdurer. Malgré la mise en redressement judiciaire de sa maison mère, Ludendo Entreprises en mars 2018 et de nouvelles difficultés financières survenues en février dernier, cette dernière a en effet été reprise par JouéClub, dont Jacques Baudoz est à la tête. Échange avec le PDG de la coopérative sur les synergies qui vont s’opérer entre les deux enseignes.
Vous venez de reprendre la quasi-totalité du parc de La Grande Récré, à l’exception de 12 magasins dont 6 en région parisienne, jugés financièrement instables. Soit 89 de ses points de vente, en plus de 40 magasins franchisés et d’unités à l’international. Pouvez-vous nous rappeler le contexte de ce rachat et nous parler de vos relations avec l’enseigne ?
C’est un peu comme si l’on bouclait la boucle. Parce que pour rappel, La Grande Récré, qui a été créée en 1977, faisait déjà partie de notre coopérative entre 1986 et 1994 ! Nous avons donc toujours eu des relations très cordiales avec son fondateur et président, Jean-Michel Grunberg. Maintenant, l’objectif de JouéClub est d’offrir une seconde vie à l’enseigne. Et de continuer à développer le parc actuel de JouéClub, composé de 290 magasins gérés par des adhérents, en plus de reprendre en parallèle 40 franchises La Grande Récré, 89 autres magasins et 17 unités supplémentaires présentes à l’international. Car il s’agit bien de créer des synergies entre les deux marques. Et de les faire cohabiter de manière bien distincte, via leurs propres équipes dédiées, car elles n’ont pas du tout le même ADN. Si d’un côté La Grande Récré est plus urbaine et plus encline à s’implanter en centre commercial ou en centre-ville et cible surtout les enfants, JouéClub est plus familière avec la province et les emplacements situés sur des zones d’activités commerciales. Et s’adresse aux familles, plus largement.
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Il va donc s’opérer d’ici 2024, tout un travail de différenciation entre les deux concepts, tant du côté publicitaire et marketing, que des produits qui seront proposés en linéaires. Mais il faut d’abord se concentrer sur la partie administrative, puis sur la relance des magasins. Via une communication dédiée : déjà en se rendant visibles des médias mais aussi de la clientèle (en local) pour la faire (re)venir en magasin. Sans compter toute la préparation des collections de Noël, qui chaque année mobilise toutes les équipes de la coopérative dès la fin de l’été.
Faisiez-vous référence à votre force de frappe logistique en parlant de synergies ?
Chaque marque s’appuie et s’appuiera sur ses propres équipes et sa centrale dédiée. L’une étant située à Bordeaux pour JouéClub, l’autre à Marne-la-Vallée pour La Grande Récré, pour l’acheminement des commandes quotidiennes en points de vente. Mais nous pourrons mettre en place des synergies avec les fournisseurs sur certains produits, toujours dans le respect de l’offre proposée par chacune d’entre nous.
Finalement, quels sont les autres atouts mis en commun ? Et qu’attendez-vous de cette alliance pour vous renforcer sur le marché du jouet ?
S’il fallait définir ce que La Grande Récré apporte à JouéClub, je dirais qu’il s’agit avant tout d’une entreprise avec des processus très définis, qui bénéficie aussi d’une belle école de formation pour ses futurs vendeurs et d’un modèle logistique intéressant, dont on pourra se servir à l’avenir pour livrer les magasins. Et puis, compte tenu du contexte économique, nous serons ensemble, plus fortes sur tout ce qui concerne la négociations des contrats au global. Qu’il s’agisse des contrats énergétiques pour les gérants des magasins, ou encore de l’informatique et des relations avec les bailleurs, par exemple. Et ce plus particulièrement à l’égard des commerçants situés en centre commercial. Ce sera donc mettre en avant un savoir-faire commerçant sur le jouet et en même temps, rassurer prestataires et fournisseurs de la pérennité des deux modèles.
Qui dit reprise dit aussi gestion du parc actuel avant d’ouvrir de nouvelles unités. Ce rachat incite-il des transferts internes de personnel ? Ou des profils d’entrepreneurs multisites en devenir ?
Il y aura des opportunités de reprise en effet, mais dans une logique de proximité. Nous traiterons cela territoire par territoire. Le phénomène ne sera d’ailleurs qu’amplifié puisque c’est déjà ce qui se passe au sein de la coopérative depuis 4 ou 5 ans déjà. Les candidats pourront ouvrir et gérer des magasins sous les deux marques à la fois. On étudiera cela au cas par cas. Autrement, nous avons déjà repris la plupart des collaborateurs de La Grande Récré qui ont été redéployés sur l’ensemble de la région parisienne et intégrés à d’autres magasins, justement pour leur éviter des licenciements. Notamment à l’heure où l’on rencontre une véritable pénurie de personnel. Pour l’heure, il n’est pas non plus prévu de créer des conventions pour que le personnel travaille sur les deux concepts magasins. J’insiste donc sur le fait que chaque enseigne aura sa vie et ses trajectoires propres. À moins d’avoir une holding en tant que franchisé ou en tant qu’affilié, et d’avoir ses propres salariés déployés sur ses propres magasins.
À quelle échéance ouvrirez-vous d’autres unités ? Déjà à l’échelle de la coopérative mais aussi plus tard, sur La Grande Récré ?
Nous avons encore des ouvertures de magasins JouéClub de prévues, mais qui se feront sur la deuxième partie de l’année. Quand à ouvrir de nouveaux magasins La Grande Récré, cela se fera plutôt en 2024 ou en 2025, le temps de gérer l’ex nihilo avec le tribunal de commerce de Paris et de rassurer les équipes. Car certaines sont aussi là depuis très longtemps. Nous devons aussi lancer les préparatifs de Noël afin que les clients soient au rendez-vous ; période qui s’accompagne aussi de divers dispositifs de communication à partir de fin août. Et autour de laquelle nous réalisons une grande partie de notre chiffre d’affaires, comme c’est le cas pour toute la filière.
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