Une fois la décision prise d’intégrer un réseau de franchise et avant de créer sa structure commerciale dédiée, la question que se posera chaque futur franchisé est de savoir s’il se lance en solo ou avec un associé…
Avoir un associé présente ses avantages et ses inconvénients : ne pas être seul, partager les risques, apporter plus de financement – d’un côté ; rendre des comptes, partager le pouvoir de prise de décisions, voire ne plus être « maître à bord », partager les profits – de l’autre. Le profil de l’associé est également important et son rôle en dépend : un membre de la famille pour faciliter la transmission du patrimoine, un investisseur, un co-exploitant, ou même son franchiseur. Puis, s’associer à parts égales ou garder la majorité est une question essentielle.
Le franchiseur sera préalablement informé de la structure de la société franchisée et la plupart des changements ultérieurs lui seront soumis, au moins pour information, au plus, pour accord ou pour déclencher son droit de préemption – à l’occasion de la sortie d’un associé, le franchiseur pourrait donc prendre sa place. Les contrats de franchise sont conclus intuitu personae, c’est-à-dire en considération de la personne physique du dirigeant de la société franchisée, qui s’oblige à garder le contrôle et la majorité du capital pendant toute la durée du contrat. Si la personne des deux associés co-exploitants est essentielle pour le franchiseur, ils seront alors associés à parts égales. Attention dans ce cas au blocage de fonctionnement : l’association à parts égales suppose que toutes les décisions concernant le fonctionnement de la société soient prises à l’unanimité.
L’associé minoritaire, qu’il soit parent ou un tiers investisseur, compte généralement peu pour le franchiseur, à partir du moment où il ne s’agit pas d’un concurrent. Attention cependant au contrat de franchise : s’il prévoit que toute cession, même minoritaire, doit être approuvée par le franchiseur, vous pourrez être obligé de demander son accord par exemple en cas de divorce. Un associé investisseur est souvent un partenaire « dormant », son apport des capitaux peut être rémunéré par une distribution prioritaire des dividendes et sa sortie peut être réglementée par un pacte d’associés conclu dès la création de la société. S’associer avec un ami n’est pas sans danger. Les questions d’argent ont souvent raison de l’amitié.
« Qui s’associe avec son ami va droit à l’échec »
Proverbe créole
Mieux vaut dans ce cas établir les règles de fonctionnement par un pacte d’associés. Attention également à la participation du franchiseur au capital de la société franchisée. Cette fameuse « franchise participative », au-delà de la simple question de l’indépendance du franchisé, peut organiser une véritable dépossession de ce dernier de son entreprise. Souvent présentée comme une pratique vertueuse permettant la facilitation du financement, la franchise participative a en réalité pour conséquence la privation du franchisé de la prise des décisions stratégiques sans l’accord du franchiseur (travaux, financements, relations avec le bailleur, dénonciation du contrat de franchise, vente du fonds de commerce, etc.) et pourrait l’empêcher de sortir du réseau à la fin du contrat, le forçant à y rester contre son gré. Parfois, une seule action prioritaire suffit pour conférer le droit de véto au franchiseur et bloquer totalement la gestion du franchisé. La vraie franchise participative devrait donc être limitée à la durée du contrat de franchise, organisant par avance la sortie du franchiseur du capital au plus tard à la fin de celui-ci. S’associer ou non, telle est la question !
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