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Se lancer en franchise

Ils ont moins de 30 ans, et sont déjà franchisés !

Si les franchisés ont, en moyenne, 48 ans et 35 ans à leur première ouverture, ce modèle d’entrepreneuriat attire aujourd’hui de plus en plus de jeunes. Qui sont ces moins de 30 ans qui osent devenir leur propre patron ? Vers quels secteurs se tournent-ils ? Et quels obstacles doivent-ils encore franchir avant d’ouvrir à leur compte ? Rencontre avec des dirigeants en herbe aux parcours inspirants.

Devenir dirigeante à 20 ans seulement, à peine le bac en poche ? Même pas peur pour Laura Paul, gérante de la concession Rapid couture de Nantes depuis 2015 : “J’ai démarré en alternance dans cette enseigne, voulant à l’origine devenir modéliste. Il a fallu ensuite faire un choix. Trouver une autre alternance, auto-financer mes études, ou bien accepter un CDI au sein du réseau chez mon maître d’apprentissage. J’y suis devenue salariée avant de me lancer à mon compte deux ans plus tard.” Comme elle, ils sont aujourd’hui 76 % de franchisés à avoir été salariés du réseau avant d’y candidater. Parmi les porteurs de projet, beaucoup de moins de 30 ans animés davantage par la fougue d’entreprendre que par de longues études. Comme Maxime Martin-Bellonet, 24 ans, qui, découragé par une période de salariat dans l’aéronautique, a racheté une franchise Répar’ Stores en mai 2022 à Toulouse-Tournefeuille. 

Un parcours du combattant

Tout a démarré grâce à mon beau-père qui connaissait le franchisé Repar’Stores de Colomiers, raconte le jeune entrepreneur. L’activité m’intéressait car elle me permettait de mélanger mes connaissances commerciales et techniques, en plus de me donner l’opportunité de devenir mon propre chef. Ce fut le parcours du combattant pour en arriver là, aussi parce que lui racheter sa clientèle a été très onéreux pour moi. Maintenant, et depuis octobre, j’ai enfin la satisfaction de pouvoir me rémunérer, faisant même au-delà des chiffres attendus. Et de son propre prévisionnel !

Juliette Bonici, 26 ans, qui fait partie de ces 36 % de femmes franchisées selon la Fédération française de la franchise(1), a elle aussi tout quitté pour lancer son agence Notes de Styles en août 2022 à Annecy. “J’étais architecte d’intérieur à Genève et gagnais bien ma vie, alors que là, je vais devoir attendre deux ans pour me rémunérer, confie-t-elle. Mais en travaillant à mon compte, je me sens mieux dans ma peau, en plus de m’être recentrée sur mon cœur de métier. J’avoue tout de même que se lancer seule quand on a toujours eu l’habitude d’être employée par quelqu’un fait peur au départ !” 

Un rêve également devenu réalité pour Louis-Thomas Chupin, 22 ans, à la tête de sa première agence immobilière ERA depuis janvier dernier à Lesparre (33). “Un ami m’a mis au défi d’ouvrir ma propre agence et je l’ai relevé. J’ai même démarré ma formation, le jour où j’ai obtenu mon BTS !”, se réjouit-il, digne représentant de la “6ème génération d’agents immobiliers de la famille”. 

Un afflux de jeunes candidats qui s’explique par divers facteurs. Par une certaine “pyramide des âges” déjà, pour Laurent Delafontaine, fondateur du cabinet Axe Réseaux, “quand il y a 10 ans, de jeunes franchiseurs ont commencé à porter de nouvelles enseignes”. À l’exemple même du réseau Notes de Styles, fondé par “un franchiseur qui avait 22 ans à l’époque du lancement”, comme le remarque l’une de ses partenaires, Juliette Bonici. Mais aussi par le fait que le salariat, contrairement à la franchise (et à l’auto-entrepreneuriat), n’attire plus. L’avantage de ce modèle ? Il “permet de s’affranchir en peu de temps et rassure quant à l’obtention des financements bancaires”, note cette fois-ci Benjamin Joly, chargé de mission chez Initiative France (Eure). “Aussi parce que les taux de réussite des franchisés passés par notre antenne de l’Eure sont de 97 % contre 91 % dans l’entrepreneuriat dit ‘classique’, souligne-t-il. L’écart s’explique par le fait que la franchise est plus souvent plébiscitée pour le bénéfice qu’elle apporte via la notoriété de la marque. Une activité indépendante sera, elle, potentiellement moins identifiable. Or, cela a une incidence sur le chiffre d’affaires visé”.

Convaincre les banques, un vrai défi !

S’ils ne manquent pas de motivation, les moins de 30 ans sont encore largement freinés par leur faible épargne. “Ils ont un apport personnel limité pour pouvoir financer, entres autres, les droits d’entrée au réseau, qui sont des investissements plus importants qu’en indépendant, détaille Benjamin Joly. Ils sont nombreux à solliciter un complément auprès de leurs proches. Mais avec des taux de réussite souvent plus élevés ensuite.” L’an dernier, la FFF affichait une enveloppe inférieure à 50 000 euros pour la création d’une franchise sur trois, contre 200 000 euros pour le deuxième tiers et plus de 200 000 euros pour le troisième tiers. “Les réseaux demandent généralement 30 % d’apport en moyenne, excepté quelques-uns qui descendent à 15 %”, poursuit Benjamin Joly. “Repar’Stores me demandait 10 000 euros d’apport pour la reprise, contre 5 000 pour une création classique. Mais sans inclure ni le camion ni le fonds de commerce. Car j’ai aussi racheté une base de 2 500 clients à l’ancien franchisé”, mentionne ainsi Maxime Martin-Bellonet. Mais si l’artisan ne s’est pas découragé, ce sont quatre banques qu’il a dû solliciter avant d’obtenir un ‘oui’. Dont “la banque familiale, la banque locale de l’ancien franchisé qui ne m’a même pas reçu, puis une troisième qui m’a dit ‘vous marchez sur la tête’. C’est enfin la 4ème, soit le partenaire bancaire du réseau, qui m’a permis d’échanger avec un conseiller bancaire qui s’est enfin intéressé à mon projet”.

Quant à Laura Paul, elle a fini par faire appel au réseau pour crédibiliser sa demande de prêt. “Je n’avais pas de refus catégoriques, mais à chaque fois, elles n’acceptaient de ne me prêter que 10 000 sur 30 000 euros, à cause de mon jeune âge et d’un certain historique que je n’avais pas. Sans la banque qui avait suivi l’enseigne via l’intermédiaire du directeur de Rapid couture, je n’aurais probablement rien eu !” D’autres, partis du bon pied, regrettent d’avoir commis des erreurs de débutants, notamment en s’étant mal entourés au départ. “J’avais obtenu mon BTS et ma carte professionnelle. Tout allait pour le mieux avec ERA, jusqu’à ce que je me rende compte que j’avais été mal accompagné par les banques”, relate Louis-Thomas Chupin, à qui il fallait “100 000 euros, fonds de roulement inclus” pour ouvrir. Ne m’étant pas assez renseigné niveau bancaire et comptable, au préalable, je me suis rendu compte d’incohérences entre ce que j’avais apporté et le total emprunté. Mes droits d’entrée (fonds de roulement) ont été considérés comme apport auprès des banques. Par conséquent, je n’avais plus assez pour ces fonds de roulement, soit 6 mois de trésorerie. Et les fonds de roulement ne sont pas financés par les banquesRegrettant d’avoir été trop pressé à l’époque, ce dernier déclare ainsi qu’il aurait dû “faire appel à des courtiers ! Je me bats encore avec la banque aujourd’hui et pioche dans mes ressources personnelles ne pouvant toujours pas me dégager un salaire ! Sans compter qu’étant prestataire de services, bien qu’en milieu rural et non commerçant, je n’ai pas non plus eu d’aides de ma mairie !” 

En effet, souligne Initiative France Eure, “la banque préfère financer les immobilisations corporelles, comme les travaux, le matériel ou le stock de départ, mais pas la trésorerie, à la charge de l’entrepreneur.” C’est en revanche du prêt NACRE, accordé par la région et à taux zéro, qu’a pu bénéficier Laura Paul à l’époque. Soit d’“une donation de 1 000 euros parce que j’avais moins de 25 ans”. Juliette Bonici, elle, a été soutenue par Initiative France qui s’est “portée à 80 % garante” de son prêt. Une aubaine quand “pour toutes les autres demandes faites, y compris auprès de Grand Annecy, ma situation ne correspondait à aucun critère pour obtenir quoi que ce soitNéanmoins, j’ai obtenu l’ACRE pour bénéficier du chômage durant les deux premières années de création, et d’une exonération de charges fiscales la première année”, précise la jeune femme.

De ce fait, si les jeunes peinent à convaincre les administrations, “le nerf de la guerre demeure dans la capacité du candidat à montrer un business plan rodé et à se mettre à la place du banquier. Il doit aussi prouver que sa future franchise saura répondre à une demande précise sur ledit territoire”, explique Benjamin Joly, dont l’antenne a notamment aidé à financer 202 entreprises, dont 12 franchises l’an dernier sur le département.

Pourtant, les aides ne manquent pas pour démarrer. Les jeunes peuvent en effet se tourner vers le dispositif ‘Incube’ d’Initiative France, qui est “dédié aux jeunes en difficulté d’insertion, éligible à la franchise et créé par le ministère du Travail. Soit une aide complémentaire au prêt d’honneur”, comme le souligne encore Benjamin Joly qui les accompagne dans la recherche de financements et les demandes de prêt d’honneur. En outre, il est possible d’avoir recours aux fonds de financement des franchises. Mais aussi aux “crédits internes entre franchisés”, comme le mentionne Laura Paul.

Photo 1 : Louis-Thomas Chupin
Photo 2 : Laura Paul
Photo 3 : Maxime-Martin Bellonet
Photo 4 : Juliette Bonici

Allez plus loin !

Lisez la suite de cet article dans le numéro 230 de L’Officiel de la Franchise daté de mai 2023 !

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