Plutôt que de partir à l’assaut des grandes villes, le réseau Les Bohémiennes, créé par Anne-Laure Arruabarrena en 2019, mise sur des concepts-store bohèmes et féminins en affiliation pour rendre plus chaleureux les coeurs de ville et inspirer l’entrepreneuriat avec un investissement très accessible. Echange avec sa dirigeante depuis les Pyrénées-Atlantiques.
“Au départ, je n’avais pas pour projet de monter un réseau de partenaires affiliés. Tout a commencé par un atelier de création de bijoux à Ascain, au Pays Basque en 2014, qui a petit à petit, attiré de plus en plus de monde et m’a poussée à diversifier mon offre”, raconte Anne-Laure Arruabarrena, fondatrice du réseau d’affiliés Les Bohémiennes, basé sur un ensemble de concepts-stores féminins. “J’ai donc commencé à étoffer mes collections avec des parfums, des bougies et des vêtements sur un emplacement qui n’était pas forcément stratégique au départ. Puis, grâce aux réseaux sociaux, la notoriété du magasin a décollé. Avec la visite d’une clientèle pas forcément ultra-locale comme au départ, mais davantage en provenance de Saint-Jean-de-Luz et d’autres lieux touristiques de la région”.
Fort du succès de sa première boutique, l’entrepreneure inaugure une seconde adresse à Saint-Jean-Pied-de-Port quatre ans plus tard, puis s’ouvre au modèle de l’affiliation en septembre 2019, juste avant la crise sanitaire. Une première boutique en affiliation voit ensuite le jour à Villeneuve-sur-Lot en mars 2021, avant que le réseau ne recense 6 unités à fin 2021. Et qu’il soit, dès lors et depuis, majoritairement porté par des femmes en reconversion professionnelle, désireuses de changer de cap.
Depuis, poursuit la dirigeante, “vous retrouvez Les Bohémiennes à Biganos en Gironde, à Tartas dans les Landes, mais aussi à Thonon-Les-Bains, en Savoie, au travers de points de vente qui proposent aussi bien des articles de maroquinerie, que du prêt-à-porter, des chaussures ou d’autres accessoires. Mais toujours dans un esprit girly, autour de produits majoritairement féminins, ou parfois axés sur la décoration de la maison, ou les enfants. Et dans une ambiance bohème avec une charte graphique qui rappelle Ibiza, ou encore les plages mexicaines, pour créer une bulle d’évasion pour la cliente”.
L’ambition d’Anne-Laure Arruabarrena? Différencier son concept des autres acteurs du prêt-à-porter, quand les grands noms du textile voient leur modèle fragilisé, tout en (re) valorisant l’ancrage local des points de vente, et en laissant ses partenaires, façonner ces derniers à leur image.
Un concept porté par ses propres affiliées
“Mon parti pris, c’est de faire en sorte que l’on nous reconnaisse parmi d’autres. Notamment avec des vêtements allant de la taille 34 au 48 et des pièces uniques ou en édition limitée, tout en laissant les partenaires du réseau, maîtres de leur entreprise avec une certaine latitude sur l’organisation de leur boutique. De façon aussi à ce que chaque boutique chartée Les Bohémiennes, ait sa propre identité”, poursuit la fondatrice du concept.
“L’idée aussi, c’est de cibler une clientèle très locale et de faire en sorte que l’assortiment varie d’une unité à l’autre pour ne pas que chacun(e) s’habille de la même manière. Et par là, créer de la revisite et de l’intérêt pour la clientèle. On événementialise les collections en quelque sorte. Car on cible bien une clientèle de canton et non de centre-ville ! Et qui, généralement, dispose d’un budget compris entre 30 et 70 euros”.
En outre, complète celle qui représente aujourd’hui 13 magasins dans l’Hexagone, “le réseau s’appuie sur un ‘sourcing très pointu”. Ainsi, “les affilié(s) doivent s’achalander auprès du réseau et de ses propres fournisseurs, ils aussi la possibilité, selon leurs affinités, leur carnet d’adresses et leur ancrage local, de mettre en lumière le travail de (petits) créateurs locaux de leur choix en vitrine. Ce qui donne de la valeur ajoutée à leur point de vente et à l’enseigne”.
En revanche, si la fondatrice des Bohémiennes mise tout sur un concept authentique, son réseau n’a pas encore développé une offre de seconde main. “La tendance est bel et bien là, mais l’arrivée des affiliées est encore trop récente pour que Les Bohémiennes se lance sur ce type d’offre aujourd’hui. Notamment dans des points de vente qui font 50 m2, en moyenne. Mais nous ne sommes pas fermés à l’idée d’en développer une à l’avenir”, renchérit Anne-Laure Arruabarrena.
Des commerces d’antan pour revaloriser les coeurs de ville
De ce fait, Les Bohémiennes qui recrute des partenaires en majorité via les réseaux sociaux, n’étendra son concept qu’aux petites villes et aux cantons. “Nous avons d’ailleurs ouvert au Bouscat en région bordelaise à la mi-mars”, ajoute Anne-Laure Arruabarrena. “Mais bien que les demandes proviennent de partout et que l’on souhaiterait, mon équipe et moi-même, ouvrir dans le grand Sud-Ouest et même s’externaliser à d’autres régions, nous garderons ce côté ‘retour aux sources’ en valorisant le petit commerce, physique et d’antan pour redynamise les cœurs de villes. Nous sommes d’ailleurs en pourparlers avec des mairies sur plusieurs zones de France, intéressées par ce concept pour amplifier la proximité”.
Enfin, complète cette dernière qui étudie aussi des candidatures de porteurs de projets situés dans le Pas-de-Calais, en Bretagne et autour de Nice, “il n’est pas exclu que l’on recrute des multi-affiliés à l’avenir. Aussi parce que nous proposons un concept assez accessible”.
Une vie de bohème pour une enveloppe de 60 000 euros maximum
Rejoindre Les Bohémiennes requiert en effet une enveloppe comprise entre 50 000 et 60 000 euros d’apport global, incluant un droit d’entrée fixé à 19 000 euros et une enveloppe de 15 000 euros pour financer le stock à l’implantation. Les redevances, elles, sont de “5 % du chiffre d’affaires hors taxes, quand le contrat engage le porteur de projet pour une durée de 5 ans”, conclut Anne-Laure Arruabarrena chez qui, ouvrir sera moins complexe dans de plus petites zones de chalandise, que dans des grands centres villes où le coût du marché foncier explose.