Avec de plus en plus d’enseignes mettant en avant l’ancrage local de leur identité de marque ainsi que l’origine française de leurs produits, les savoir-faire régionaux prennent de l’ampleur en franchise. Zoom sur trois concepts issus de trois secteurs différents : Armor-Lux, Panier des Sens et Mamie Bigoude.
Depuis quelques années, et surtout avec la pandémie, la tendance made in France n’en finit plus de séduire les Français. Avec ce choix, ils privilégient ainsi les circuits courts, ce qui permet à la fois de soutenir les producteurs locaux, d’aller vers plus d’éco-responsabilité mais également plus globalement de soutenir l’industrie française.
Selon une étude Opinion Way – Première Vison parue en mars 2022, 8 Français sur 10 estiment que le made in France est un gage de qualité. De plus en plus attachés aux produits fabriqués en France, 61 % d’entre eux déclarent avoir intégré des produits labellisés bleu blanc rouge au cours des 12 derniers mois. Ils seraient même 58 % à considérer que c’est un critère prioritaire pour leurs achats. Et cela, hommes comme femmes, peu importe leur âge et leur statut social.
Le savoir-faire français a le vent en poupe. Un segment que les enseignes investissent en masse, notamment dans leur stratégie marketing en mettant l’accent sur leur ancrage local, peu importe leur secteur d’activité (restauration, équipement de la maison et personne, cosmétiques, luxe…).
Armor-Lux, une enseigne historique du textile français
Armor-lux fait partie de ces enseignes qui ont su imposer dans le monde du prêt-à-porter un savoir-faire d’exception dans la création et la fabrication de produits en maille. Fondée en 1938 à Quimper, Armor-Lux n’était pas un retailer à ses débuts, mais un industriel du textile. Dans les années 80, la marque crée ses premiers magasins, puis ouvre en propre une quarantaine de magasins. Et ce, jusqu’en 2015 où l’enseigne s’ouvre aux contrats d’affiliation, avec des premiers magasins à Douai et Biarritz. En 2023, Armor-lux c’est 85 ans d’existence, 600 salariés, 3 usines en France, 90 boutiques intégrées et affiliées, dont une au Japon.
“Ce qui fait qu’on se développe fortement c’est ce qu’on représente : marque française, fabrication française partielle. Mais surtout notre engagement historique qu’est la qualité, l’innovation, la RSE. Des engagements intrinsèques depuis le départ.”
Frédéric Guillemot, directeur commercial Armor-Lux
“On a su conserver de l’emploi en France, avec deux ateliers à Quimper et un à Troyes. Et pourquoi la RSE ? Car tout ce qui est environnemental et sociétal est important pour nous depuis longtemps, tant en France qu’avec nos prestataires à l’étranger” ajoute-t-il. Depuis six ans, il observe une accélération des modes de consommation vers plus de local et d’éco-responsable : “Les périodes du full consommation et de la fast fashion est derrière nous. Les Français privilégient d’acheter moins mais mieux. Une marinière Armor-lux, vous allez pouvoir la garder plusieurs années, voire décennies”.
Une fameuse marinière qu’avait mis en avant Arnaud Montebourg en 2012, à l’époque ministre de l’Economie, et qui a considérablement boosté l’exposition médiatique de la marque. Aujourd’hui, l’enseigne cherche à mailler géographiquement le territoire sur les villes majeures où elle n’est pas encore présente comme Bordeaux, Lille, Nice, mais également les villes plus petites telles que Rouen ou encore Limoges. Concernant le profil du franchisé, de l’investisseur au commerçant qui souhaite changer de modèle économique, l’enseigne est ouverte.
“Dans tous les cas, au-delà de l’aspect économique, nous voulons des partenaires qui viennent chercher les valeurs que l’on représente. Sur la qualité, la fabrication française, la durabilité, la responsabilité. Tous nos partenaires ont un attachement fort à cela”, détaille Frédéric Guillemot.
Pour les candidats, prévoyez un investissement de départ de 30 000 euros pour le mobilier du magasin avec un contrat de trois ans. “Sur une surface moyenne, non bord de mer, le chiffre d’affaires prévisionnel tourne entre 250 et 300 000 euros”. À suivre en 2023, six projets d’ouvertures dont un contrat déjà signé dans une ville bretonne, avec comme objectif d’en ouvrir une dizaine.
Panier des Sens, les fragrances de Provence
Panier des Sens, c’est la success story d’une marque qui a su imposer son identité provençale sur la scène du cosmétique, devenant aujourd’hui la tête d’un réseau qui s’étend jusqu’en Asie.
À sa création en 2001, la marque Panier des Sens est distribuée chez des revendeurs spécialisés. Ses gammes de crèmes et de parfums naturels, bio, fabriqués en France, deviennent très populaires.
“On a un ancrage vraiment local, avec des partenaires producteurs de la région spécialisés dans le métier de la cosmétique. Tous nos parfums sont fabriqués à Grasse »
Aurélie Muntaner, directrice marketing Panier des Sens
Fort d’engagements axés sur la naturalité, le catalogue propose des produits avec une composition entre 95 % et 100 % d’origine végétale. Il y a 20 ans, le cœur de métier de la marque était la savonnette parfumée, puis a évolué vers les cosmétiques, les soins du corps, les parfums et parfums d’ambiance. L’enseigne a plus récemment lancé une gamme de soins visage, avec l’expertise de partenaires spécialisés. À l’instar de nombreux acteurs, dans un contexte où l’éco-responsabilité joue désormais beaucoup dans les intentions d’achat, Panier des Sens se tourne aussi vers la cosmétique solide – qui nécessite moins d’emballage – les recharges pour les produits liquides, et utilise des packagings 100 % recyclables.
Un positionnement provençal qui séduit. Panier des Sens enregistre une croissance à 2 chiffres chaque année, depuis 5 ans. En France, la marque a développé son chiffre d’affaires de 40 % entre fin 2019 et 2022. Et ce, dans un marché qui compte une croissance annuelle moyenne de 12 % prévue à l’horizon 2023, pour un chiffre d’affaires d’environ 1,37 milliards d’euros.
Aujourd’hui, la marque est présente auprès de 3 000 revendeurs dans 34 pays et 500 revendeurs en France. Du côté des points de vente, Panier des Sens possède 7 magasins en propre (Paris, Aix-en-Provence, Marseille, Lyon), s’est d’abord lancé dans la franchise en Asie avec l’ouverture d’une boutique en Corée puis, depuis l’année dernière, a ouvert 3 magasins franchisés en France (Nancy, Avignon, et Isle-sur-la-Sorgue). Trois projets d’ouvertures sont prévus d’ici fin 2023.
Mamie Bigoude, des crêpes bretonnes et rock’n’roll
Les crêpes et les galettes bretonnes, une recette déjà bien connue des Français mais qui n’en reste pas moins toujours autant populaire. D’après les chiffres de la Fédération de la crêperie, il existe en France un peu plus de 4 000 crêperies, dont 50 % sont situées en Bretagne et Pays de Loire. Un marché prospère : 9 Français sur 10 en consomment régulièrement. Et avec un taux de marge de 80 % – quand une crêpe coûte un euro à fabriquer et est revendue entre 5 et 6 euros – les raisons d’investir sont nombreuses.
Sur le créneau, Mamie Bigoude, c’est une crêperie fondée par Benoist Simeon en 2018, jouant sur les codes traditionnels de la crêperie, avec un twist rock’n’roll. Cela, incarné par Mamie Bigoude, une grand-mère bretonne imaginaire, aux hobbies originaux.
“Ce qu’on propose, c’est une expérience client unique”, indique Benoist Simeon.
« Les crêperies, sont un peu austères, fermées avec de toutes petites surfaces. Mamie Bigoude est un personnage décalé, fan de rock et de cinéma américain. »
Benoist Simeon, fondateur mamie Bigoude
Bigoude, c’est pour la bigoudène que porte le personnage, haute coiffe blanche originaire de Bretagne. Entre albums photos et bibelots anciens, les restaurants sont aménagés de telle sorte que le client se sent “reçu chez elle”, avec plusieurs pièces séparées inspirés d’un salon, d’une buanderie, d’une chambre… Une décoration très instagrammable pour une clientèle plutôt jeune, étudiante mais également familiale. “Mamie Bigoude, c’est un peu notre madeleine de Proust”, explique le fondateur.
Au-delà de l’image de marque, la carte se veut aussi décalée, avec des recettes hyperpersonnalisables pouvant combiner des milliers de possibilités. “Nos produits sont frais, locaux, fabriqués dans une cuisine centralisée puis distribués sous vide, non surgelés. On propose par exemple du curry de légumes et de la blanquette de poisson, des recettes très originales qu’on ne retrouvera pas ailleurs”, explique Benoist Simeon.
Un concept qui, en voulant rendre cool la crêperie, rencontre un franc succès. En quatre ans, des restaurants ont ouvert en propre à Tours, Blois, Orléans, et Boise. Deux sont en licence de marque à Limoges et La Rochelle. Enfin, 4 à 5 projets d’ouvertures sont prévus cette année. “Notre ambition c’est d’avoir fin 2026 une vingtaine de franchises”, détaille le fondateur. Pour 300 000 euros d’investissement global, le chiffre estimé après trois années d’exploitation tourne entre 600 000 et un millions d’euros, selon l’emplacement.