Faire front contre l’inflation à tout prix. A la suite d’une réunion avec les patrons des grands distributeurs se tenant à Bercy, le ministre Bruno Lemaire a annoncé avoir conclu un accord avec les distributeurs et industriels pour que ces derniers s’engagent à élargir à 5 000 références les produits dont les prix n’augmenteront pas ou baisseront. La liste des 5 000 références est « en train d’être définie par les industriels et les distributeurs », indique-t-on du côté du ministère.
Un accord sur des prix qui arrive quelques jours après la prise de position du PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, face à l’inflation. Récemment nommé président de la Fédération du commerce et de la distribution, Alexandre Bompard a adressé une lettre au ministère de l’Economie, ainsi qu’aux présidents de groupe de l’Assemblée et du Sénat, pour demander un moratoire sur la loi Descrozaille, qui limite à 34 % les promotions sur les produits d’hygiène/beauté partage les Echos. Une position qui s’explique selon lui par une « baisse de la consommation sans précédent » sur cette catégorie de produit.
21,3 % d’inflation cumulée sur deux ans
Car, en effet, alors que la courbe des prix à la consommation ralentissait, chaque, mois depuis avril, l’Insee a récemment confirmé un rebond de l’inflation en août. L’indice des prix à la consommation a progressé de 4,8 % sur un an en août, soit une hausse plus importante que prévue.
Alors qu’en juillet celle-ci s’établissait à 4,3 % en glissement annuel, avec une légère hausse de 0,1 % d’un mois à l’autre, les prix ont progressé de 1 % en août par rapport à juillet. Une hausse liée à celle des prix de l’énergie, bien que le moteur de l’inflation ces derniers mois reste l’alimentaire avec une hausse de 11 % des prix en un an août.
Une augmentation qui s’essouffle, mais qui reste importante. Selon le cabinet d’études Circana (ex-IRI), après un pic qui a atteint 16,4 % en avril, l’inflation des produits de grande consommation (PGC) a progressivement ralenti pour s’établir à 12,4 % en août. Mais sur les deux dernières années, la pression sur le pouvoir d’achat des consommateurs atteint des niveaux historiques avec un surcoût de 21,3 % sur les produits de grande consommation.
Ce sont pour l’heure les produits d’entretien et d’hygiène/beauté qui encaissent la baisse de volume de vente la plus importante. Entre septembre et décembre 2022, ces produits ont contribué aux pertes des volumes des (PGC) à hauteur de –27 % et –25 %, selon un rapport de Nielsen. Ce dernier met également en avant que la recherche d’économie des consommateurs sur les produits de consommation passe principalement par la recherche de promotions.
Prix bloqués et hard discount
Un repli vers les promotions que les distributeurs ont bien compris, proposant tous des initiatives face à l’inflation depuis le début de l’année. Système U annonçait en début d’année la mise en place d’un charriot de 150 références « à prix coûtant ». Carrefour a renchéri derrière avec 200 produits à moins de 2 euros, Les Mousquetaires avec « 500 produits anti-inflation » sur une sélection de 470 produits de marques distributeurs, et 30 produits frais (viande, poisson, fruits et légumes). Enfin, les enseignes Casino ont, elles aussi, annoncé un panier avec 500 références à moins d’un euro et à prix bloqués.
Les enjeux sont élevés pour les distributeurs, dont le but est de freiner tant que possible la fuite des consommateurs vers des enseignes hard discount. Selon Kantar, Lidl enregistre une marge de progression importante entre 2018 et 2023, talonnant le Groupement Leclerc et le Groupement les Mousquetaires. Un succès à l’image d’Action, solderie néerlandaise aux 700 magasins en France, récemment devenue l’enseigne préférée des Français.